Toi, moi, Ti­tu­ba

Dans une atmosphère enveloppée d'ombres et de sons, la scène s’ouvre sur un corps de femme, solitaire, dressé tandis que les accords du oud de Khyam Allami résonnent comme un écho ancestral.

À travers la voix, la respiration et la danse, Munyaneza se transforme en un "corps-archive". Elle devient chrysalide, refuge et spectre, évoquant les récits oubliés des femmes noires qui ont résisté malgré la domination et l’effacement. Ce spectacle-hommage donne vie à une solitude collective, un espace hanté où les luttes et les silences passés vibrent avec intensité. Les textes de Maryse Condé et Elsa Dorlin infusent cette œuvre, tissant un lien entre les blessures de la colonisation et les mémoires qui refusent de sombrer dans l’oubli.

Ni incantation ni rituel, Toi, moi, Tituba est une confrontation intime et poétique. La puissance du geste artistique réside dans cette rencontre frontale avec des histoires trop longtemps écartées des récits officiels. Entre grâce et profondeur, cette œuvre rend hommage aux figures féminines effacées, mais toujours présentes dans les replis de la mémoire collective. Un moment d'art et de réflexion qui interpelle avec force et subtilité.